
Recrutement des saisonniers : la galère reprend en Lozère
Les professionnels de l’hôtellerie et de la restauration en Lozère font face à un défi croissant : le recrutement de saisonniers. Malgré l’attrait de la région, qui attire des touristes chaque été, la pénurie de main-d’œuvre se fait de plus en plus ressentir. La difficile réalité du marché du travail en 2025 pousse les employeurs à envisager des solutions, y compris l’embauche de travailleurs étrangers, pour pallier le manque de candidats locaux.
Une pénurie persistante de saisonniers en Lozère
La Lozère, connue pour ses paysages préservés et son accueil chaleureux, souffre d’un déficit constant de saisonniers. Selon Denis Carminati, ancien patron de l’auberge du Moulin à Sainte-Énimie et actuel président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), cette situation est de plus en plus préoccupante. Chaque été, le département fait face à un manque de 120 à 150 employés saisonniers.
Les raisons derrière cette pénurie sont multiples. En premier lieu, il y a la question des salaires jugés peu attractifs, qui rebutent de nombreux candidats potentiels. Au cours des dernières années, des secteurs comme la fonction publique ou des postes moins éprouvants ont pris le pas sur l’emploi saisonnier traditionnel. Les résultats sont frappants : au niveau national, on estime qu’il y a 200 000 postes non pourvus dans le secteur de l’hôtellerie-restauration.
Dans un contexte où de nombreux Français semblent écarter les emplois saisonniers en faveur de postes plus « stables » ou confortables, les employeurs de Lozère se retrouvent dans une situation délicate, allant jusqu’à évoquer un « parcours du combattant » pour trouver des collaborateurs fiables.
Réactions face à cette crise de la main-d’œuvre
De plus en plus d’hôteliers et restaurateurs redoublent de créativité pour répondre à cette pénurie. Certains choisissent d’employer des travailleurs étrangers, principalement originaires de l’Union européenne, lorsqu’il n’y a pas de contraintes administratives. Néanmoins, pour les candidats venant de pays hors de l’UE, le chemin est semé d’embûches. La bureaucratie constitue un frein significatif.
Un exemple emblématique est celui d’Amine Nfinif, propriétaire du restaurant Taj Mahal à Mende, qui témoigne de ses difficultés à recruter. Malgré ses efforts, il fait face à des candidats aux profils inadéquats, peu expérimentés ou démotivés par les réalités du métier. Amine s’est même retrouvé avec deux emplois à jongler, sa laiterie et son restaurant, pour maintenir son activité à flot.
- Barrières administratives pour les candidats étrangers
- Salaires jugés peu compétitifs
- L’image du métier d’ouvrier saisonnier en déclin
- Solutions proposées : logement gratuit, formations adaptées
Embaucher à l’étranger : une nécessité pour les professionnels
Face à cette crise, les employeurs commencent à tourner leur regard vers l’étranger, à la recherche de travailleurs motivés et prêts à s’installer temporairement en France. En effet, bien des métiers saisonniers restent inassumés faute de candidats locaux. Cela a conduit certains entrepreneurs à recourir à des agences de placement spécialisées dans les projets d’immigration professionnelle.
Un exemple frappant est celui de la fille de Denis Carminati, qui a embauché une femme de ménage originaire de Pologne pour l’auberge qu’elle gère. Cette décision, bien qu’elle puisse sembler radicale, soulève des questions essentielles sur la capacité du marché français à attirer les travailleurs qu’il lui faut.
Un processus de recrutement semé d’embûches
Le salon TAF de Mende, événement phare pour le recrutement saisonnier dans le secteur, met bien en lumière ces adaptations. À chaque édition, deux tiers des nouvelles recrues sont d’origine étrangère, donnant un aperçu frappant des chiffres de l’emploi local.
Malheureusement, la législation et les procédures administratives ne facilitent pas cet influx de candidats talentueux. Amine Nfinif a rencontré des difficultés particulières à faire avancer un dossier pour un chef de cuisine vivant au Maroc, bloqué dans des rouages administratifs. Ce type de situation illustre à quel point le système peut être contraignant pour les employeurs qui souhaitent étoffer leur équipe à temps plein.
Problèmes rencontrés | Solutions envisagées |
---|---|
Pénurie de main-d’œuvre | Recrutement à l’étranger |
Salaires peu attractifs | Offrir des avantages (logement, etc.) |
Processus d’embauche complexe | Travailler avec des agences de placement |
Soutien des agences d’intérim : une possible lumière au bout du tunnel
Les agences d’intérim, telles que Randstad, Manpower, Groupe Crit, et Adecco, jouent un rôle crucial dans la dynamique de recruitment. Leur présence dans des événements comme le salon TAF permet d’accélérer le processus de mise en relation entre employeurs et candidats. Ces agences proposent des outils adaptés pour faciliter le choix et la sélection des profils.
En 2025, les entreprises prennent conscience de l’importance d’utiliser ces ressources pour répondre aux besoins pressants des saisonniers. C’est un équilibre délicat entre gérer les actifs nécessitant un engagement à long terme et s’assurer de la disponibilité en période de pics d’activité.
Les obstacles à surmonter pour les agences d’intérim
Malgré leur efficacité, ces agences doivent faire face à leur propre lot de défis. La réputation du travail temporaire est parfois ternie, ce qui complique leur rôle dans le recrutement. Beaucoup de travailleurs perçoivent encore l’intérim comme une option précaire, peu intéressante à long terme.
Un autre enjeu majeur est de trouver des candidats adaptés aux exigences spécifiques des secteurs. Parfois, les profils proposés ne correspondent pas aux attentes des employeurs. La communication entre agences et entreprises est donc essentielle afin d’assurer un alignement sur les besoins.
- Évaluation rigoureuse des compétences
- Sensibilisation aux avantages de l’intérim
- Renforcer la communication entre agences et employeurs
Engagement des établissements pour séduire les candidats
Pour attirer les saisonniers, certains hôteliers vont au-delà de simples recrutements. Conscients des défis du marché, ils mettent en place plusieurs actions pour séduire les candidats potentiels.
Offrir des logements gratuits, proposer des formations ou des mentorats, et créer une culture d’entreprise axée sur le bien-être sont autant d’initiatives qui peuvent faire la différence. Par ailleurs, la communication sur ces valeurs peut s’avérer une stratégie efficace pour séduire les futurs employés.
Exemples d’initiatives réussies
Certaines entreprises, comme Kangourou Kids, mettent en avant des valeurs et des politiques d’emploi axées sur le respect et l’équité. Celles-ci incluent :
- Programme de fidelisation pour les saisonniers
- Réduction des tarifs sur les activités locales pour les employés
- Engagement à offrir des formations en interne
Ces initiatives non seulement attirent un plus large éventail de candidats, mais cultivent également une loyauté qui peut se traduire par de meilleures performances.»
Initiatives entreprises | Bénéfices pour les saisonniers |
---|---|
Logements gratuits | Réduction des coûts de vie |
Formations professionnelles | Amélioration des compétences |
Accès à des activités locales | Intégration géographique |
L’avenir du secteur en Lozère : vers une nouvelle approche du travail saisonnier ?
Alors que la situation actuelle demeure préoccupante, le secteur de l’hôtellerie-restauration en Lozère semble être à un tournant. Les acteurs du marché commencent à discuter de l’importance de revoir leurs approches pour s’adapter aux réalités d’un monde du travail en mutation. La flexibilité et la réactivité sont désormais plus que jamais nécessaires pour attirer des travailleurs saisonniers fiables et motivés.
Cela passe par des engagements à long terme, la valorisation du travail saisonnier et la construction d’une culture d’entreprise inclusive et attrayante. L’importance d’initiatives pertinentes ne saurait être sous-estimée, car elles peuvent émuler un cercle vertueux de recrutement et de fidélisation.
Le rôle des acteurs économiques et politiques
Les défis du recrutement saisonnier ne peuvent être résolus uniquement par les employeurs. Un effort coordonné entre le gouvernement, les entreprises et les agences d’intérim peut générer un impact significatif. Des programmes de sensibilisation pour valoriser le travail saisonnier, couplés à des incitations fiscales pour les employeurs, peuvent être des pistes à explorer.
À titre d’exemple, les agences comme Supplay et R Interim pourraient jouer un rôle fondamental en nouant des partenariats avec les organismes de formation pour préparer les candidats à répondre aux besoins du marché. Ces collaborations pourraient mener à une amélioration globale de la situation.
- Création de programmes de formation soutenus par l’État
- Incentives pour les employeurs à augmenter les salaires
- Pérennisation des initiatives collaboratives
Le défi du recrutement des saisonniers en Lozère se résume à un mélange complexe de culture de travail, de politique et d’économie. Mais avec une volonté collective, ce défi peut se transformer en une opportunité de restructurer ce qui se révèle souvent être un système vieillissant, et de donner naissance à un nouveau modèle d’emploi saisonnier.